Donner le nom de Parthenope à la petite fille qui vient de naître dans une somptueuse villa du bord de mer, au pied du Pausilippe, c’est vouloir d’emblée associer son destin à celui de la ville de Naples. Parthenope y grandit. Elle est belle, intelligente, séductrice. Elle participe à des fêtes à Naples ou à Capri (bien que, dit-on, les Napolitains « n’y vont jamais »). Son appartenance à une grande famille lui ouvre toutes les portes, celles des maisons patriciennes, celles des palaces au bord de la mer, où elle ne manque pas de faire des rencontres, en particulier avec un écrivain auquel elle voue une immense admiration.
Car Parthenope ne brille pas que par sa beauté : c’est aussi une intellectuelle qui suit avec passion les cours d’anthropologie à l’université. Sans toutefois parvenir à se faire une idée claire et définitive de ce qu’est exactement l’anthropologie. Par quoi le réalisateur semble nous dire que lui aussi s’intéresse « anthropologiquement » à la ville de Naples mais que l’objet de son étude demeure indéfinissable et insaisissable.
Pourtant, si l’on excepte quelques courtes séquences, Sorrentino ne nous donne à voir de la ville dont il est originaire qu’une série de scènes esthétisantes et qu’une galerie de personnages dont le grotesque peine à nous arracher un sourire (n’est pas Fellini qui veut !). Oui, le ciel, la lumière et le soleil sur la Baie de Naples peuvent nous laisser béats d’admiration. On s’en doutait bien avant de voir les images que nous montre le réalisateur de Parthenope. Oui, Naples est, pour qui la connaît de l’intérieur, une ville à la fois admirable et détestable. Un choc permanent des contraires. On pouvait s’en douter aussi. C’est pourquoi d’ailleurs Parthenope, devenue professeur d’université (en anthropologie, bien sûr !) choisit de laisser sa ville natale et de faire toute sa carrière au nord de l’Italie. Même (surtout) quand on en porte le symbole dans son propre nom, Naples n’est peut-être pas une ville fréquentable au long cours.
Une esthétique souvent proche de la carte postale touristique et des moments scénaristiques artificiels, manifestement destinés à étonner ou à choquer, ne font pas un bon film. L’intense beauté et le réel talent d’actrice de Celeste Della Porta, qui joue le rôle-titre, sont loin de suffire à donner à ce film la qualité qu’il aurait pu avoir d’hommage majeur et marquant à une ville unique au monde par la charge d’Histoire qu’elle porte et la vitalité qui la caractérise.